Les chants du Serviteur

Les Can­tiques du Ser­vi­teur ou Chants du Ser­vi­teur, ou encore Poèmes du Ser­vi­teur, sont un ensemble de pas­sages du Livre d’I­saïe. Ils sont lus au cours de la Semaine sainte : Is 42,1 – 9 le lun­di, Is 49,1 – 7 le mar­di, Is 50,4 – 11 le mer­cre­di (et en par­tie le dimanche des Rameaux et de la Pas­sion) et Is 52,13 – 53,12 le ven­dre­di. C’est pour­quoi je vous invite à les médi­ter de manière plus inten­sive cette semaine. Vous pou­vez les écou­ter dans la vidéo ci-dessous.

Ce Ser­vi­teur, appe­lé par Dieu à appor­ter la lumière aux « nations », est l’objet du mépris des hommes. C’est un sau­veur tout à fait dérou­tant pour l’attente d’Israël. Mais les chré­tiens y lisent une pré­fi­gu­ra­tion de la Pas­sion du Christ.

Les trois premiers chants

Ce n’est pas la puis­sance qui le carac­té­rise dans le pre­mier chant mais l’élection et l’humilité. « Il ne crie­ra pas, il ne haus­se­ra pas le ton, on n’entendra pas sa voix sur la place publique. Il n’écrasera pas le roseau frois­sé, il n’éteindra pas la mèche qui fai­blit, il fera paraître le juge­ment en toute fidé­li­té.» (Isaïe 42, 2 – 3).
Le deuxième chant creuse cette révé­la­tion : le secret du Ser­vi­teur réside dans son élec­tion. Lui qui a été « for­mé dès avant la nais­sance » (49, 5) et qui a été « appe­lé dans le sein de sa mère » (49, 1) pro­clame : « ma force, c’est mon Dieu » (49,5). C’est cet unique appui qui per­met au Ser­vi­teur d’espérer contre toute espé­rance, de per­sé­vé­rer mal­gré la souf­france, comme le troi­sième chant l’affirme : « Le Sei­gneur Dieu m’a ouvert l’o­reille, et moi, je ne me suis pas révol­té, je ne me suis pas déro­bé. J’ai pré­sen­té mon dos à ceux qui me frap­paient, et mes joues à ceux qui m’ar­ra­chaient la barbe. Je n’ai pas pro­té­gé mon visage des outrages et des cra­chats.» (50, 5).

Le quatrième chant

Ce che­mi­ne­ment de la Révé­la­tion per­met au qua­trième chant de pré­sen­ter le Ser­vi­teur non plus seule­ment comme l’élu qui met sa confiance en Dieu, non plus seule­ment comme l’homme qui pré­fère être fidèle à Dieu, quitte à affron­ter la souf­france, mais comme celui dont la souf­france devient un ins­tru­ment de salut pour tous : « Il était mépri­sé, aban­don­né de tous, homme de dou­leurs, fami­lier de la souf­france, sem­blable au lépreux dont on se détourne ; et nous lavons mépri­sé, comp­té pour rien. Pour­tant, cétaient nos souf­frances quil por­tait, nos dou­leurs dont il était char­gé. Et nous, nous pen­sions quil était châ­tié, frap­pé par Dieu, humi­lié. Or, cest à cause de nos fautes quil a été trans­per­cé, cest par nos péchés quil a été broyé. Le châ­ti­ment qui nous obtient la paix est tom­bé sur lui, et cest par ses bles­sures que nous sommes gué­ris. » (Isaïe 53, 3 – 5).
On a long­temps cher­ché à savoir qui pou­vait être ce « ser­vi­teur souf­frant ». Un prêtre de retour d’exil en butte à l’inimitié de ceux qui sont res­tés au pays et qui pour­rait être le pro­phète lui-même ? Une figure du peuple d’Israël lui-même ? Sans doute. Quoi qu’il en soit, le por­trait des­si­né par Isaïe ne pou­vait man­quer de frap­per les pre­miers chré­tiens, à com­men­cer par les évan­gé­listes.
Qui mieux que Jésus incarne cette figure inhabituelle ?

Liens avec notre aujourd’hui

Non seule­ment nous pou­vons iden­ti­fier le Ser­vi­teur à Jésus-Christ, mais nous pou­vons encore l’i­den­ti­fier à des proches ou des loin­tains. Fai­sons défi­ler devant yeux de notre cœur et de notre prière les visages de per­sonnes connues ou incon­nues qui res­semblent à ce Ser­vi­teur de Dieu. En ces temps de confi­ne­ment, les visages des malades, des soi­gnants et de tant d’autres nous orientent vers ce Ser­vi­teur et ce Ser­vi­teur nous oriente vers eux. En ces temps de guerre à tra­vers le monde, les per­sonnes dépla­cées, affa­mées, tor­tu­rées,…, les pro­phètes de notre temps. Et par­fois, nous pou­vons nous iden­ti­fier nous-même à ce Ser­vi­teur de Dieu.

Plusieurs propositions de méditation

  • Hæn­del par­tage sa médi­ta­tion du qua­trième chant dans la deuxième par­tie de son fameux ora­to­rio : Le Mes­sie.
  • Inter­pré­ta­tion chris­to­lo­gique avec de magni­fiques tableaux : 1er chant, 2e chant, 3e chant et 4e chant.
  • Voi­ci les textes impri­més ver­set par ver­set : je vous invite à médi­ter d’a­bord le pre­mier ver­set seule­ment en cachant les sui­vants, puis vous décou­vrez le deuxième ver­sets en cachant tou­jours les sui­vants et ain­si de suite un ver­set à la fois. Lire un chant seule­ment par jour.

Phi­lippe

Une réflexion sur « Les chants du Serviteur »

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